Il avait le goût des cendres dans la bouche, un silence pesant l’enveloppait, un silence de mort. Lorsqu’il tenta de se relever il se sentit si léger, c’était étrange, c’était comme s’il flottait, et puis, au fur et à mesure qu’il se levait du chaos il remarqua son corps, étendu sous des décombres, les yeux grand ouvert et surtout, vides de vie. Il aurait dût paniquer, hurler, comprendre pour quelle raison il se voyait, étendu et surtout... Mort. Un flash l'aveugla et il sera les dents alors que dans sa tête se vrillait des souvenirs, il se rappel l’Opéra... L’Ave Maria, le bruit assourdissant, l’explosion, les flammes et la chute... “Sibylle...” Il tenta de bouger, mais c’était impossible, il hurla mais aucun son ne semblait vouloir porter, elle était là, quelque part !
Et puis, il entendit alors les rires et les chuchotements, il fut alors comme aspiré, il se vit encore tendre son bras pâle vers son corps et encore le son qui ne voulait pas sortir de sa gorge et puis tout fût noir, entièrement noir.

Il se réveilla entre des murs froids d’où suintait l’humidité, ses yeux sans vie se posèrent sur la flamme tremblotante d’une torche, éclairant un pan de mur ou une tapisserie élimée par les âges trônait encore, elle semblait dévoiler une scène d’un combat digne de récit homériques mais déjà, l’âme de l’homme se détourna, il réussit alors à marcher, comme dans un rêve il ne comprenait pas la raison, que ce passait il ? “Sibylle...” Il sursauta, surprit de sa propre voix qui résonnait, pourquoi ici ? Les rires se firent alors de nouveaux entendre, ils semblaient venir de partout et pourtant, il ne voyait personne. “Ce château est particulier petite âme.... Oui oh oui très particulier Hihi.... Ici les âmes peuvent se mouvoir car... Le fil qui ballotte au gré des vents est plus tangible ici... Hihi.” L’âme chercha mais ne trouva pas. “Qui êtes vous !” Car oui, dans cette unique voix résonnaient deux autres, il en aurait mit sa main à couper, enfin façon de parler. Pour toute réponse, une porte s’ouvrit en grinçant et il fut comme attiré dans un couloir emplit de ténèbres avec ici et là, des torche offrant une lumière maladive. Il marcha alors et les voix reprirent. “Qui nous sommes... Nous sommes le passé, le présent et le futur d’une vie... Ta vie ici c’est achevée, toi le petit Ludger.. oui petit Ludger, né de parents fortunés, tu as vécu une belle vie avec une cuillère d’argent dans la bouche... Hihi oui ! Tu as été un bon garçon et puis... Un mauvais, oh oui mauvais et rebelle. Tu as été le pire de leurs enfants.. Oui oui ils le chuchotaient dans les confidence sur l’oreiller tes pauvres, pauvres parents...” Ludger... Oui il était bien Ludger, il stoppa nette sa marche et d’un air sombre chercha la source des paroles mais elle semblait venir des murs. “Suffit ! Je n’ai pas besoin qu’on raconte ma vie ! J’ai été aux premières loges !”
Oui, né de parents fortunés, il n’avait jamais manqué de rien, et ce fut peut être la raison de son attitude rebelle plus tard lorsqu’il fut jeune, un gosse de riche mais il savait aussi ce qui l’avait sortit du trou qu’il c’était creusé. “Oh oui... Sibylle... La belle et jeune Sibylle Hihihi... Elle t’a sauvée, un ange venue du ciel et des yeux aussi bleu que l’éclat d’une mer limpide... Un rire à faire s’écrouler les forteresses... Oh oui la belle Sibylle qui finalement t’a rendu à tes parents, maintenant tu es un beau jeune homme, tu as reprit ta vie en main et te voilà riche, reprenant l’affaire de ton père.... Hihi  ! Oui mais voilà que ta vie se termine dans le chaos, la mort et les larmes... Ave Maria.. Oui c’était la dernière chanson de ta vie.” Un saut d’humeur et le poing de Ludger s’écrasa sur le mur sans rien faire. “Mais qui êtes vous à la fin ! Laissez moi tranquille, je vais retrouver Sibylle !” Sa voix résonna, écho déchu mais comme seule réponse, les rires des vieilles chouettes. “Tu ne peux la retrouver, tout du moins.. Pas dans cet état... Apprend que son fil du destin n’est pas rompu... Elle vit...” Cette simple phrase fit naître en Ludger l'espoir et il se montra plus attentif. “Comment faire alors ?” Sans le savoir, il tombait dans le piège de l’espoir. De nombreuses torches s’illuminèrent alors, balises montrant la voie, l’âme vagabonde remarqua alors que dans les murs du château, une série de statues encastrées montaient la garde, elles portaient des armures baroques et en même temps tellement irréelles, l’une d’elle ressemblait à s’y m’éprendre à une harpie homérique, il y avait une inscription en lettres mortes, du grec... “Étoile Céleste de la  Solitude... Béhémoth...” Il avait murmuré les quelques mots qui étaient sortie de sa bouche avant de caresser la pierre froide. “Béhémoth oui.. Mais tel n’est pas ton destin Ludger... Oh ton destin te conduit autre part... Suit les lumières et enfin tu auras une récompense, une belle récompense et tu retrouveras Sibylle...”

Alors il s'exécuta, suivant les lumières, regardant avec intérêt les statues. Lorsqu’il arriva à la fin des troche animées des flammes, il découvrit une lourde portes et puis dans un seul souffle, les flammes des torches s’éteignirent en même temps que le coeur de Ludger se figea un peut plus dans sa poitrine éthérée, alors il entendit la porte s’ouvrir, et il vit alors l’éclat d’un rubis briller de façon malsaine. Il voulait s’approcher mais quelque chose en lui hurlait de ne pas le faire. “Approche toi d’elle, n’écoute pas ton corps ensevelit loin de toi, écoute ton âme... Si tu t’approche et que tu embrasses la cause de notre seigneur, alors tout te sera rendu... Tu pourras te venger de ceux qui ont causé ta mort, tu pourras retrouver ceux que tu aimes... Mais pour ça, tu dois jurer fidélité à ton seigneur et étreindre de ta main cet éclat rouge carmin...” Il s’avança alors, ne prêtant pas attention aux rires des vieilles voix, s’il pouvait retrouver Sibylle alors il le ferait, c’était sa résolution, elle était sa vie.
Posant sa main sur l'éclat, il sentit la chaleur se propager dans tout son corps et puis... La terreur l’envahit alors que deux yeux de rapace s’ouvrirent en même temps qu’une gueule béante. Il sentit la chaleur l’envelopper et puis la bête l’engloutit dans un derniers cri.

La pièce s’illumina alors, dévoilant Ludger flottant à quelques centimètres du sol, en position foetal, un aura d’ébène l'enveloppant, sortant des ombres, le trio des vieilles femmes admirèrent leur chef d’oeuvre. “Pauvre pauvre Ludger... N’avons nous pas oublié mes soeurs de lui dire qu’une fois au service de notre maître sa mémoire ne sera plus sienne et qu’il sera un fidèle soldat ?” Elles partirent dans un rire inhumain avant de frisonner de concert... Quelqu’un d’autre se trouvait dans la pièce. “Silence vieilles chouettes, retournez dans vos appartements à tisser les liens de vie... Ludger gardera en mémoire ce que je veux bien lui offrir... Il ne sera pas une coquille vide remplit d’un asservissement sans borne.” Les trois vieilles s’inclinèrent, disparaissant lentement dans les ombres vacillantes de la pièce. “Comme vous le désirez Hadès... Voici votre fidèle... Dans les échos de son réveil, le château s’animera des ténèbres. Acclamons la venue du Garuda.” Et alors Ludger hurla telle une bête ivre de sang et disparut du château, château qui prit alors vie, les torches s’allumèrent partout dans les pièces, un souffle divin semblait redonner la prestance des lieux, quelque part en Allemagne, le château du Sombre Monarque apparut dans la Forêt Noire, une chape de nuages noirs au dessus des toitures et un orage sans fin annonçant le réveil des étoiles spectrales.

Dans l’Opéra en ruine, sous les décombres, un frémissement fit s’arrêter les sauveteurs, la peur que tout s’écroule à nouveau. Mais ce fut autre chose, une explosion qui vint de sous les débris, il hurla, hurla de douleur et de rage, il hurla alors qu’il sortait de sous ce qui avait été son tombeau et alors qu’il hurlait, son cosmos d’ébène se déploya en d’immenses ailes avant que son surplis ne l’enveloppe tel un linceul de ténèbres, son casque grimaçant fut le dernier à apparaître sur le corps de Ludger. “SIBYLLE !!!” Il hurla à s’en casser les cordes vocales, une larme roula sur sa joue alors que ses mains formèrent des poings tremblant devant la cruauté de la chose, Sibylle était morte dans son esprit, son nouveau maître, cruel maître, lui avait fait germer cette idée dans sa tête, une toute petite idée aux conséquences terrible car sans elle, Ludger maudit les humains, ceux qui avaient posé la bombe. Son cosmo se chargea autour de lui, son regard était plein de vie, une vie dupée, une vie qui réclamait du sang, dans un dernier hurlement, il fit exploser son cosmo et les derniers vestiges de son humanité disparurent en même temps que l’Opéra explosa une nouvelle fois, le spectre partit alors, ivre de rage, sans jeter un seul regard aux humains en dessous de lui, il ne remarqua pas alors celle qu’il avait tellement aimé le regarder partir, belle et bien vivante...